Le commencement
Nous étions propriétaires depuis bientôt trois ans d'un Mousquetaire, voilier dériveur en contre-plaqué de 6.50m sorti des chantiers Stephen à Concarneau en 1968, lequel était en piteux état, il prenait l'eau, ce qui n’est pas, vous en conviendrez, top pour un bateau. Tous l'accastillage était à revoir, heureusement qu'on en disposait d’un autre Mousquetaire, pour se servir dessus (on a déshabillé Jean pour habiller Paul, comme on dit). Après deux étés à le remettre en état nous pouvons le mettre à l'eau et en profiter un peu (mini croisière à Chausey, ballade en Rance jusqu'à Dinard).
Florin, mon compagnon, sans cesse en train de regarder les autres voiliers, me montrait en permanence diverses unités souvent plus grandes, bref, un beau jour il me montre des photos d’un ARPEGE, voilier mythique de régate et croisière en polyester (j'étais alors un peu revenue des bateaux en bois, certes beaux mais nécessitant souvent bien des travaux).
J'ai craqué d'office sur sa ligne, ses belles proportions, la hauteur sous barrot (je fais 1.70m)... On décidait d'aller en voir quelques uns à vendre, aïe aïe aïe, j’étais de plus en plus mordue, prête à vendre ma voiture toute neuve… Maintenant s'agissait de trouver la perle rare (le pont refait ou nickel d'origine), il faut savoir que ce voilier à le défaut bien connu de voir souvent la mousse de sandwich du pont se dégrader, rendant le pont souple, tendance trampoline.
Après la visite virtuelle de près d'une dizaine d'Arpège et la visite physique de cinq autres le dernier vu fut l'élu de notre cœur. Il est de 1976, année de fin de production de la série, il a un petit tirant d’eau 1.35m - profondeur au point le plus bas de la quille, sa barre d’écoute est à l’entrée de la cabine, laissant un grand cockpit bien dégagé. Son prix de mise en vente était de 13 500€, mais il n’a pas d’annexe (canot plastique ou pneumatique pour se rendre du bateau à terre), ni moteur d’annexe, une GV (Grand Voile) vraiment au bout du rouleau qui impose son changement, pas de Taud de GV non plus (housse en tissu protégeant la GV quand elle est baissée sur la baume), ce qui veut dire que l’on devra acheter tout ça en sus, soit à la louche un peu moins de 2 000€ (pour ceux qui l’ignorerait encore, c’est dingue ce que tout coûte cher sur un bateau, sans que cela soit toujours justifié). Bref nous faisons aux proprios, au demeurant adorables, une offre d’achat ferme à 12 000€.
Et vous vous en doutez, ils nous ont fait la joie d’accepter notre proposition et nous leur en sommes pour toujours (« Gu Bragh » en écossais) reconnaissants. Maintenant reste à trouver les sous...